Le « Père Cristal »

L'innovateur

Les débuts sont difficiles : le phylloxéra frappe l'Anjou vers 1890 et il faut toute la volonté d'innovation et les savoirs de Cristal pour se procurer le premier des plants américains comme porte-greffes, les acclimater à ses terroirs et, en arrachant les souches centenaires malades, reconstituer, par greffage, des vignes nouvelles saines et productives. Son exemple est suivi alors. Il a même l'idée de créer une école de greffage. Il contribue ainsi à sauver le vignoble angevin et celui de Touraine.

Ses idées révolutionnaires s'appliquent également aux techniques mêmes du travail de la vigne. Il est l'un des premiers à mettre des fils de fer dans les vignes. Il sait s'équiper d'engins mécaniques, en met au point lui-même que l'on peut voir encore dans les caves de Parnay, modernise ses chais troglodytiques de 8 à 10 m de hauteur, aménage ses pressoirs en les dallant de verre de Bohême. Il se tient au courant des études récentes et visite souvent des vignobles renommés. Il expérimente toujours ayant comme seule préoccupation, l'amélioration de sa vigne et la qualité de ses vins.

Écologiste avant la lettre, il se bat contre les pratiques de sucrage de l'époque. Il pense alors que c'est «  une grande faute que de tolérer le sucrage des vins ... Le bon vin ne doit sa qualité qu'à la lumière du bon Dieu ! Tolérer le sucrage c'est amener bientôt la ruine de nos vignobles... Lorsque nos crus n'auront plus leur personnalité, lorsque l'on pourra fabriquer n'importe-où un vin sorti du cerveau des chimistes, ce sera peut-être bon pour les Anglais ou pour les Américains, mais nos pays seront ruinés ! Je le dis et redis à mes amis, à nos vignerons de par ici, je l'ai dit au ministre : il faut lutter contre le sucrage dans nos régions ... Nos coteaux dont l'humus est mince et recouvre la pierre poreuse du tuffeau, sont faits pour donner un vin naturel, et le soleil seul suffit pour cela ! »

(Antoine Cristal d'après A. Benon)

Vigne du clos avec des fils de fer